Je me rappellerai toujours du changement de perspective qui s’est produit pour moi lors de ce Partenariat d’Ecoute. Lors d’un Groupe de Soutien pour Parents, le thème de l’agressivité chez l’enfant a été abordé. J’ai alors entendu d’après l’expérience d’autres parents, que les gestes agressifs chez les enfants, sont un appel à l’aide lorsqu’ils ont perdu la connexion avec un adulte attentionné et qu’ils sont le plus souvent débordés par des émotions de peur ou de tristesse. Autrement dit, leur agressivité ne serait jamais intentionnelle.
Durant mon temps d’écoute avec une autre maman, cette évocation m’a amenée à repenser et à reparler de ma propre agressivité vis-à-vis de mon frère de deux ans plus jeune que moi, lorsque nous étions enfants. Le fait qu’un autre parent m’offre une écoute bienveillante et sans jugement m’a donné suffisamment de sécurité pour accéder à des sentiments qui étaient restés enfermés dans mon cœur d’enfant depuis de nombreuses années. En effet, étant plus grande et plus forte que mon jeune frère, il m’est arrivé à plusieurs reprises dans des moments de conflits, de le taper ou de lui crier dessus. Je ne me souviens pas de tout cela en détail, mais je me rappelle surtout de ma belle-mère qui m’a répété jusqu’à l’âge adulte que j’étais méchante avec mon frère, lorsque nous étions enfants ! Je me suis longtemps sentie mal avec cela et à travers cette écoute, les larmes ont commencé à monter et je me suis mise à sangloter fort. J’ai alors senti une tristesse et des sentiments de culpabilité profondément enfouis en moi : et je suis certaine qu’il s’agissait bien de pleurs d’enfant qui n’avaient jamais été accueillis jusque là. C’est comme si je m’adressais à mon frère en lui exprimant combien j’étais triste pour toutes les fois où je l’avais blessé, que ce soit physiquement ou émotionnellement et que je n’avais jamais voulu lui faire de mal ! J’avais aussi besoin de lui dire toute ma tristesse vis-à-vis de la certaine distance que ces épisodes d’agressivité l’ont amené à mettre entre nous, pour se protéger, enfant. Mais quel soulagement après cette libération d’émotions ! C’est comme si une partie de mon cerveau se réveillait d’un long sommeil.
Mon regard sur les gestes agressifs des enfants ne sera plus jamais le même depuis que je me suis reconnectée avec ces ressentis là. Etant maman de jumeaux et intervenant dans des crèches en tant que psychologue, il est clair pour moi qu’en tant qu’adultes, c’est notre responsabilité et nous devons faire de notre mieux pour protéger les enfants vis-à-vis de ces gestes (pousser, mordre, taper etc…) qu’ils ne contrôlent pas. Et lorsque nous arrivons trop tard, je suis certaine qu’il ne sert à rien de gronder et de culpabiliser l’enfant qui a eu ce geste, car cela ne fait que s’ajouter aux sentiments douloureux qui étaient à l’origine de son agressivité, au départ.
Une anecdote illustrant un outil d’écoute nommé Partenariat d’Ecoute, racontée par Chloé Saint Guilhem