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Allaitement et pleurs : quand une vraie écoute nous rapproche de notre bébé

Un article de Patty Wipfler, fondatrice et directrice des programmes à Hand in Hand aux Etats-Unis / Traduit de l’anglais par Sophie Ménard

Quand un bébé naît, une mission délicate et en même temps merveilleuse nous est confiée : apprendre à le connaître. Nous nous familiarisons avec sa façon de dormir et sa façon de manger. Aussi, nous découvrons cette façon incroyable qu’il a de plonger son regard dans le nôtre, plein de confiance et de curiosité. Notre bébé a besoin d’être nourri, de se sentir proche de nous et de se sentir aimé. Mais par moment, il a aussi besoin de répit face au flot de nouvelles expériences qui lui arrivent chaque jour. L’allaitement joue ce rôle de refuge pour les bébés, et les mamans qui allaitent se sentent privilégiées de pouvoir donner autant, si facilement.

A l’inverse, l’allaitement est également important pour les mamans. C’est une façon de recevoir carte blanche pour exprimer l’amour qu’elles portent à leur bébé. Elles le font de façon très personnelle, et éprouvent alors un attachement et une affection d’une profondeur qu’elles n’auraient jamais imaginé ressentir. Quand les choses se passent bien, l’allaitement confère à la maman une force et un sentiment d’importance, qui contrebalance le message ambiant dans notre culture qui tend à banaliser le rôle de mère.

Il y a cependant deux confusions classiques que les parents de bébés allaités ont tendance à faire à un moment ou à un autre. La première confusion est assez facile à repérer. Quand votre bébé – qui en soi est en bonne santé et grandit bien, se réveille sept fois par nuit pour téter, vous vous demandez ce qui ne va pas. Egalement, quand votre petit d’un an se précipite sur votre sein dès qu’il rencontre de nouvelles têtes, comment réagir ?  Et que faire enfin quand votre enfant de deux ans ne sait pas s’endormir autrement qu’au sein ?  La frontière entre le besoin d’être nourri et le besoin d’être réconforté peut être floue, et il nous est parfois difficile – à juste titre, de savoir comment réagir.

La seconde confusion est plus subtile, mais tout aussi importante. Beaucoup de pères considèrent qu’ils ne sont pas aussi importants que leur conjointe aux yeux de leur bébé, à cause de cette relation privilégiée que crée l’allaitement.  L’intimité que crée l’allaitement semble exclusive. Les pères ont tendance à penser que, du fait de l’allaitement, il leur faut jouer un rôle de second plan dans les premiers mois voire les premières années de la vie de leur enfant.

Ces deux confusions surviennent car nous oublions un élément essentiel dans notre raisonnement. Nous commençons tout juste à comprendre l’importance d’écouter les émotions que peuvent exprimer nos enfants. Les recherches démontrent que des relations plus étroites et une meilleure communication entre parents et enfants deviennent possibles lorsque les parents écoutent attentivement les sentiments exprimés par leurs bébés. 

L’écoute est un moyen très direct de transmettre son amour à son enfant. Votre propension à écouter peut créer un lien aussi fort que l’allaitement entre vous et votre bébé, et répond à un besoin que l’allaitement n’est pas en mesure de combler. Si vous gardez cette idée en tête, vous réussirez peu à peu à distinguer les moments où votre enfant a besoin d’être nourri des moments où votre enfant a juste besoin d’être écouté. Encore mieux, en écoutant avec attention, les pères peuvent développer avec leurs enfants une relation de confiance et d’intimité toute aussi profonde que celle qui se noue via l’allaitement.

Je m’explique. Les bébés et les jeunes enfants vivent dans le moment présent. Quand ils sont tristes, ils sont tristes à en mourir. Quand ils sont frustrés, ils ont l’impression que la terre se dérobe sous leurs pieds. Quand ils sont heureux, leur joie éclate et irradie comme un rayon de soleil. Les enfants réagissent immédiatement et à grand renfort de cris et de colères aux situations qui leurs semblent hostiles.

Avec notre volonté de bien faire, nous considérons qu’il est de notre devoir d’arranger rapidement toute situation qui leur est désagréable. Nous sentons qu’il est de notre responsabilité de parents de comprendre ce qui ne va pas, et de régler le problème aussi vite que possible, afin de rétablir le bonheur de notre précieux enfant.

Les pleurs peuvent signifier qu’il y a un problème à régler

Il y a beaucoup de choses qui provoquent les pleurs des bébés et des jeunes enfants, et qui peuvent être réglées immédiatement. La couche qui est trop serrée, le jouet qui a pincé le doigt, la faim qui se fait sentir, la frayeur à la vue du gros chien. Dans ces cas-là, nous pouvons apporter une solution aux pleurs de notre petit. La rapidité de notre réponse est une façon pour lui de s’assurer qu’il compte vraiment pour nous. Il est de notre devoir de répondre avec attention et confiance afin que son estime de lui-même se renforce à mesure qu’il grandit.

Il faut toujours répondre aux pleurs d’un enfant. Toujours passer en revue la liste des causes possibles pour expliquer les pleurs. Et toujours consulter un médecin si vous avez l’impression que quelque chose ne va pas, ou si vous remarquez quelque chose d’anormal, que cela s’accompagne de pleurs ou non.

Parfois, il n’y a rien que vous puissiez faire

Mais quelquefois, les bébés ou les jeunes enfants pleurent dans des situations que vous ne pouvez pas arranger tout de suite. Ils peuvent aussi pleurer sans qu’il y ait de raison immédiate évidente. D’où la confusion. 

Les bébés pleurent parce qu’ils ont des gaz, parce qu’ils ont besoin d’être changés, parce qu’on s’éloigne d’eux pour répondre à la porte d’entrée.  Les jeunes enfants pleurent quand ils voient un étranger qui s’approche d’eux avec un sourire avenant, quand on les pose par terre après les avoir portés dans nos bras, ou quand on les installe dans leur siège-auto. Il y a beaucoup de situations où les enfants se mettent à crier alors que rien d’effrayant ou de dangereux n’est en train de leur arriver.  Et souvent, le malaise que ressent le bébé est dû à une situation que le parent n’a pas la possibilité immédiate d’arranger. On ne peut simplement rien faire pour changer la donne. Par exemple, un bébé pleure parce qu’il a mal au ventre, parce qu’il est malade, parce qu’il fait ses dents, ou parce qu’il a sursauté ; malheureusement, il n’existe pas de bouton magique pour améliorer la situation. Ce sont des moments particulièrement éprouvants pour les mères et les pères.

Par exemple, votre bébé vient d’être nourri et se repose dans vos bras. Vous le regardez longuement, et commencez à lui dire à quel point vous l’aimez. Il vous regarde pendant un moment, puis ferme les yeux, tourne la tête, serre ses petits poings, et commence à pleurer. Mais que se passe-t-il ? Un rot ? Une couche à changer ? Trop froid ? Des coliques ?

A mesure que vous passez en revue toutes ces possibilités, aucune cause ne paraît vraiment flagrante et pourtant les pleurs continuent sans faiblir. Ou peut-être votre petit de dix-huit mois s’est cogné le genou et court vers vous. Vous lui parlez gentiment et lui demandez s’il veut téter.  Il vous répond que oui, mais quand vous lui offrez le sein, il s’énerve et commence à se débattre. Vous le laissez, et il s’énerve encore plus, se met à pleurer, et se jette par terre. Vous le relevez à nouveau, et vous vous en voulez car il semble qu’il a quand même envie de téter et que vous n’avez pas vu les signes avant-coureurs qu’il manifestait. Mais quoi que vous fassiez, il devient de plus en plus contrarié.

Dans ces moments-là, détendez-vous, et mettez-vous à l’écoute. Ce dont votre enfant a besoin, c’est de vous avoir près de lui, détendue et sereine. A cet instant, il est important que vous essayiez de vous mettre à la place de votre enfant pour comprendre toutes les difficultés qu’il perçoit comme lui-même les ressent.

Tout comme vous, votre bébé éprouve des émotions

Il nous faut réaliser que nos bébés et nos jeunes enfants ne mènent pas une vie faite uniquement de bons moments et de confort absolu. Nous avons beau être des parents attentifs, aimants et compréhensifs, et eux ont beau être des enfants en bonne santé, heureux et de bonne humeur, chaque enfant est amené à traverser des expériences qui sont douloureuses, déroutantes, effrayantes et tristes.

A commencer par la naissance : pour la plupart des bébés, c’est une expérience qui n’a rien d’évident. Ils passent par neuf mois d’un processus de développement complexe, puis arrivent dans un monde complètement nouveau pour eux. Durant tout ce temps, ils n’ont pas cessé d’éprouver des émotions et de se former des impressions.

Parfois, nos enfants peuvent percevoir les choses de façon positive et juste : “Je me sens bien et en sécurité contre Maman”. “J’entends la voix douce de Papa. Je suis entouré de son amour !”  Puis parfois, ils peuvent ressentir les choses de façon plus négative ou erronée : “Je suis seul dans mon lit. Je n’en peux plus !”, “Papa vient de sortir de la chambre. Je suis abandonné !”

Quand les bébés et les jeunes enfants se sentent mal, ils se mettent à pleurer. En tant que parents, il nous revient de décider s’il y a un problème à régler, et si oui, comment nous allons nous y prendre. 

Généralement, nous nous débrouillons relativement bien. Nous allons voir notre enfant, le nourrissons, le changeons, le prenons dans nos bras, le changeons de position, le tenons éloigné du gros chien qui lui fait peur, ou lui parlons de cet étranger qui l’a effrayé. Nous réglons la difficulté présente aussi bien que nous le pouvons.

Si en revanche il n’y a pas de difficulté réelle, ou si la difficulté réelle ne peut être éliminée (maux de ventre, devoir s’allonger pour être changé, devoir s’installer dans le siège-auto), beaucoup d’entre nous partent du principe que l’enfant devrait arrêter de pleurer parce pour nous, ça ne fait pas sens de pleurer. Nous essayons alors de le calmer en lui faisant un câlin, en le faisant sauter sur nos genoux, en allant nous promener avec lui, en les massant, en lui donnant sa tétine ou son jouet préféré, et parfois aussi en lui proposant de téter. Nous craignons qu’un enfant qui pleure soit un enfant qui aille mal, et qui ne ressente pas notre amour. Nous pensons qu’il se sentira bien mieux si sa colère s’arrête au plus vite.

Dans vos bras, les pleurs guérissent les blessures

A travers les années de travail que j’ai pu accomplir auprès des parents, des bébés et des jeunes enfants, j’ai acquis une certitude : les pleurs exprimés dans des situations comprenant une difficulté réelle ou une difficulté qu’on ne peut éliminer, permettent à l’enfant de progresser. Et j’ai également la certitude qu’apprendre à “être présent” pour son enfant quand il est en train de pleurer, est l’une des leçons les plus gratifiantes que l’on puisse recevoir dans sa vie de parent.

C’est une leçon qui consiste à accompagner l’enfant face aux difficultés. Vous vous tenez tout près de lui, et répondez au besoin d’acceptation de votre enfant, pendant qu’il se débat contre tout ce qui semble (à ce moment-là) compliqué dans sa vie. Sa confiance en lui grandira si vous n’essayez pas de le distraire de la difficulté qu’il a à affronter.

Avant de parler du rôle que vous pouvez jouer, et le lien avec l’allaitement, laissez- moi clarifier quelques hypothèses concernant les enfants, qui sous-tendent l’approche que je décris. Je pense que nous pouvons considérer que chaque enfant est né avec la capacité d’aimer, de recevoir de l’amour, et d’assimiler rapidement. Nous pouvons également partir du principe que les enfants sont par nature coopératifs, pleins d’affection, et se satisfont d’eux-mêmes et des autres, sans que nous ayons besoin de leur enseigner quoi que ce soit.  Ils naissent en étant naturellement généreux et affectueux. Enfin, la dernière hypothèse est que lorsqu’un enfant ne se sent pas à l’aise et ne veut pas coopérer avec nous, c’est qu’il se sent perturbé par un inconfort physique ou des émotions douloureuses, comme s’il avait une épine plantée dans le pied.

Si vous avez pris soin de le nourrir, le changer, et de rester auprès de lui, alors, il pleurera ou se mettra en colère dans l’espoir de se débarrasser de ces émotions “épineuses”. Une fois que les pleurs, la colère, les tremblements, ou les bâillements (qui peuvent apparaître au milieu des pleurs) sont terminés, il se sentira à nouveau détendu, accommodant, plein d’amour et d’affection. Il se sentira à l’aise avec lui-même et avec vous. Les très jeunes enfants pleurent souvent très fort et très longtemps, puis baillent à quelques reprises, avant de s’endormir dans un long sommeil réparateur. Quand ils se réveillent, ils sont rayonnants et bien en forme pour le reste de la journée.

Ce processus auto-régulé est impressionnant, et c’est celui qu’utilisent les enfants pour se remettre des moments difficiles qu’ils traversent. Quand vous quittez une pièce, votre bébé avait peut-être imaginé avec bonheur que vous alliez le prendre dans vos bras. Vous sortez, sans vous douter de son attente, et il se sent personnellement rejeté, comme si vous étiez bien conscient qu’il avait envie de vous voir. Il commence à crier, non pas simplement pour vous appeler, mais parce que votre départ l’a profondément blessé. Quand vous retournez le voir, s’il continue à pleurer, c’est parce qu’il est en train de se débarrasser de ce sentiment d’insécurité qu’il vient d’éprouver.  Il est en train de retrouver sa confiance en vous et en lui-même. Vous ne pouvez pas juste lui ordonner de se sentir mieux, ou de se rappeler que vous l’aimez. En revanche, vous pouvez écouter ses sentiments douloureux pour l’aider à retrouver confiance en lui, et lui offrir votre amour.

Les pleurs aident les bébés à se reconnecter à nous

Vous avez sans doute observé que quand vous accourez vers un enfant qui est train de pleurer, il est facile d’arrêter ses pleurs en le berçant ou en le calmant.  En revanche, il peut rester distant et confus, incapable de croiser votre regard, et incapable de jouer et de s’amuser. Parfois même, si vous captez son regard et essayez de le réassurer, il est possible qu’il se remette à pleurer. C’est le signe que sa blessure n’est pas encore refermée. L’enfant n’est pas encore en mesure d’apprécier le moment présent, car son esprit est toujours encombré par des émotions douloureuses. Il a besoin de vous en dire un peu plus sur le trouble qu’il ressent, avant de pouvoir s’en libérer pleinement.

A mesure que vous écoutez, votre bébé ressent votre soutien

Nous, parents, voulons rapidement améliorer les choses pour nos enfants. Mais leurs peurs, leur tristesse et leurs frustrations prennent du temps pour guérir. Si nous les écoutons dans ces moments-là, ils nous montreront les sentiments qui sont restés emprisonnés en eux. Si nous pouvons rester près d’eux, les tenir contre nous, et leur dire qu’ils comptent pour nous, ils sentiront que nous pouvons les aider et les comprendre.  Ils ne s’arrêteront pas de pleurer avant d’avoir terminé leur travail émotionnel, mais tout du long, ils auront bien conscience de notre présence et des efforts que nous faisons pour les écouter.

Son esprit s’éclaircit

Vous verrez qu’à la fin d’une bonne séance de pleurs, votre enfant décidera assez soudainement que tout va à nouveau bien dans son monde, et que vous êtes la meilleure personne qui puisse s’y trouver. D’une façon intime et détendue, Il se mettra à rire et se montrera rayonnant avec vous, comme si vous étiez son ami le plus cher.

J’ai connu des enfants, qui, dans les jours qui suivaient de grosses séances de pleurs, arrivaient à maîtriser tout un tas de nouveaux mots, ou qui commençaient à ramper, ou qui étaient plus à l’aise quand ils voyaient des étrangers. C’est le type d’amélioration significative que l’écoute peut engendrer au niveau de la confiance en soi ou des capacités de l’enfant.

Pendant qu’il pleure, votre enfant appréciera votre confiance dans le fait que tout va bien. Il a besoin de savoir que même dans ces moments difficiles, vous continuez à l’aimer.  Sa crise se terminera d’autant plus vite que vous ne montrez pas de signe d’inquiétude. Il vous faut juste lui offrir votre amour et vous montrer rassurant pendant qu’il pleure.

La chaleur de votre soutien peut rendre ses émotions encore plus intenses

Vous serez sans doute surpris quand vous vous rendrez compte que lorsque vous lui offrirez votre amour et vous montrerez rassurant, ses pleurs redoubleront. C’est un peu comme quand on pleure à un mariage : plus l’événement est joyeux, plus on a envie de pleurer. Pour un enfant, plus il ressent d’amour sur le moment, plus il va pleurer fort pour évacuer ses sentiments douloureux. Lui dire des choses comme : “Je tiens fort à toi”, “Je suis désolée que ce soit si dur”, “Je sais, tu as mal au ventre, mais ça va bientôt passer”, “Je reste avec toi”, “Je vois que tu es très énervé”, peut aider votre enfant à comprendre que vous êtes à ses côtés, tandis que vous l’écoutez. 

Téter peut devenir un mécanisme de réconfort.

Parfois, dans l’allaitement, vous réalisez que votre enfant se calme et arrête de pleurer dès que vous allaitez ; et parfois, il demande de lui-même à être réconforté de cette façon. Il vous faut alors faire preuve de jugement pour discerner si votre enfant a besoin d’être nourri, ou cherche à échapper à un sentiment de tristesse ou à une blessure. Si vous avez l’impression qu’une contrariété incommode votre enfant, n’hésitez pas à lui donner une tétée avec beaucoup de chaleur, en recherchant à établir un contact visuel, et en étant sincèrement affectueuse avec lui pendant toute la durée de la tétée. Alors, il comprendra que vous êtes prête à l’écouter, il finira sa tétée, et trouvera un moyen de déclencher des pleurs réparateurs.

D’autres fois, un bébé aura vraiment faim, et en même temps se sentira émotionnellement peiné, ou ressentira une douleur liée à une poussée des dents, ou à d’autres petits maux de bébés. Dans ces moments-là, le bébé a besoin à la fois de se nourrir, et d’évacuer ses émotions. Une mère peut alors en alternance lui offrir le sein, et l’écouter pleurer à propos de la gêne qui l’empêche de téter, jusqu’à ce qu’il se détende et parvienne à prendre sa tétée. Pleurer en bénéficiant de toute votre attention permet à l’enfant de finalement se détendre, et de se sentir en sécurité dans vos bras, avec l’assurance que vous êtes restée avec lui tout au long de ce moment difficile.

Les enfants ont souvent besoin d’une personne à leur écoute pour se sevrer

Quand un enfant est en âge de marcher, certaines tétées sont parfois utilisées comme un moyen de réconfort ou une échappatoire face aux moments difficiles qu’il traverse. Cette fonction de la tétée comme outil de réconfort est bien pratique pour nous en tant que parent. La vie est plus simple quand il y a une façon rapide de gérer la tristesse d’un petit ou les effets de la fatigue et de la frustration.

Mais c’est justement cette utilisation de la tétée comme réconfort qui va interférer avec le progrès d’un jeune enfant vers l’autonomie. Si vous remarquez que votre enfant demande à téter quand il s’est fait mal, ou quand il n’arrive pas à gérer une situation particulière, vous pouvez lui offrir votre écoute à la place.

Vous pouvez alors essayer de lui offrir autant de proximité, d’intimité, de sérénité et de tendresse que vous le faites pendant une tétée. Vous pouvez également lui proposer une tasse de lait ou un verre de jus de fruit, au cas où il a réellement soif. Donnez-lui l’assurance qu’il compte vraiment pour vous.

Votre enfant se mettra à pleurer, et fera alors un grand pas en avant en termes de confiance en lui, en osant se retrouver face à toutes ces émotions qu’il n’avait pas réussi à affronter auparavant. Un enfant peut choisir de se sevrer, mais uniquement, s’il a confiance en lui et en votre amour.  Ecouter ses colères lui permettra de devenir plus indépendant dans ses prises de décisions, que cela concerne son identité ou ce qu’il a envie de faire.

L’écoute confère aux pères un rôle à jouer fondamental

Les pères peuvent jouer un rôle aussi important qu’ils le souhaitent quand ils se mettent à l’écoute des pleurs de leurs bébés.  L’écoute offre une chance unique de construire ce lien d’amour et de bienveillance entre un père et son enfant. Vous verrez à quel point, à la fin d’une crise de pleurs, vous devenez cher dans le cœur de votre enfant, simplement parce que vous êtes resté totalement compréhensif et affectueux pendant qu’il se sentait au plus mal.

Pour la plupart des pères, pratiquer ce type d’écoute n’est pas toujours facile. Dans notre société, les hommes et les garçons se sentent comme empêchés de demander de l’aide quand ils se sentent blessés. Un père peut avoir du mal à écouter son enfant vider son sac émotionnel, si lui-même a passé des années à ignorer ses problèmes et à tout gérer lui-même.  Mais il suffit parfois d’une bonne séance de pleurs, pour que les pères comprennent le soulagement évident que cela apporte à leur enfant. Ils se posent alors moins de questions et sont capables de se mettre davantage à l’écoute.

Les parents aussi ont besoin d’une personne pour les écouter

Ce genre d’écoute paraît très difficile à faire pour nous quand nous commençons. C’est quelque chose que l’on n’a jamais fait pour nous, et du coup, nous nous sentons anxieux, tristes, et rapidement frustrés devant notre incapacité à aider nos chers enfants quand ils traversent des moments difficiles. Si nous avons été maltraités quand nous étions enfant, nous avons tendance à devenir durs avec eux quand leur comportement devient inacceptable à nos yeux.

Il est important de ne pas rester seul dans ce rôle. Formez un Partenariat d’Ecoute à deux avec un autre parent, que ce soit avec votre conjoint ou une amie, afin de bénéficier d’un temps d’écoute pour vous-même. Vous aurez besoin de parler des choses qui sont dures pour vous, des émotions qui surgissent dans ces moments-là, et de ce que vous apprenez au sujet de votre enfant et de vous-même à mesure que vous écoutez. En effet, écouter les émotions de quelqu’un, quel que soit son âge, nous ouvre la porte à ce qu’un être unique et important a de plus intime. Inévitablement, cela nous touche, et on apprend toujours.

En conclusion donc : trouvez une partenaire d’écoute, et mettez cette approche d’écoute en pratique.