Grandir Main dans la Main

Colère des parents

Cinq idées pour éviter les explosions de colère devant ses enfants

Un article de Patty Wipfler, fondatrice de Hand in Hand / Traduit de l’anglais par Soizic Le Gouais et Chloé Saint Guilhem (article original : Crazy mad : five ways to ward off parents anger

« Patty, Je sais que lorsque mon fils aîné devient agressif envers mon petit dernier, c’est parce qu’il se sent comme isolé . Il cherche alors  par tous les moyens à ce que je m’occupe de lui. Je sais qu’il ne peut pas se contrôler. Mais au lieu de répondre à son besoin et réagir comme je voudrais, je me sens vraiment folle de rage. Comment puis-je passer de l’état de folle furieuse à celui de maman présente et à l’écoute lorsque je sens que je vais exploser ? Quelles sont les techniques pour conjurer ma colère? » 

« Chère maman qui te préoccupe tant du bien-être de tes enfants,

Tous les parents que j’ai connus se sont demandés un jour ou l’autre quoi faire lorsque leurs enfants les poussaient à bout. Car malheureusement, nous ne possédons pas un réservoir de patience infinie dans ces moments-là.

Mais il existe des moyens efficaces pour éviter d’exploser de colère en tant que parent. Certaines nous permettent de nous défouler. D’autres nous aident à nous relaxer par le rire, ou en nous apportant une oreille attentive lorsque nous nous sentons à bout. Elles aident les enfants à sortir du mode défensif face à votre colère, et aident à déculpabiliser en tant que parent.

Voici cinq options pour nous aider, nos enfants et nous-mêmes, à traverser ces moments de colère : 

1. Fabriquer un panneau « Je t’aime » pour créer un déclic et sortir de sa colère.

Fabriquer un panneau avec ses enfants ou leur proposer d’en fabriquer en écrivant dessus « Papa/Maman, je t’aime » et le ranger dans un endroit qui reste à portée de main. Dire à son enfant qu‘il peut le sortir et nous le montrer chaque fois que nous commençons à sortir de nos gonds. En voyant ce panneau, cela peut provoquer en nous un déclic pour sortir du mode « colère » dans lequel nous nous trouvons, et pour nous aider à voir notre enfant sous un autre jour.

2. Proposer à son enfant de décider d’une petite chanson, d’une phrase ou d’un « mot magique » qui signifiera pour nous « Maman/Papa, arrête ! ».

Il est possible de choisir n’importe quelle chanson ou comptine. Le mot magique peut être « Bananes ! » ou « Caméléon ! » peu importe. Le choisir ensemble et demander à son enfant de dire ce mot chaque fois que le ton de notre voix lui fait peur, et s’engager à tout arrêter dès que nous l’entendons.

3. Se créer un « espace de la colère » pour soi-même et s’entraîner à l’utiliser pour déverser sa colère loin de ses enfants.

Pour les fois où nous sommes vraiment en colère et que nous sentons que  nous allons dépasser les bornes, s’assigner un espace de la colère spécial Papa/Maman dans la maison : un mur dans sa chambre, un coin dans le garage, ou sur un lit, sur lequel il est possible de taper de toutes ses forces. C’est l’endroit où nous pourrons aller pour évacuer notre colère et notre frustration, en tapant sur le mur ou le lit, voire en étant très vocal.

Ensuite, rassembler ses enfants et leur dire : « Je ne veux pas être méchant avec vous lorsque je me sens vraiment énervé. Du coup, la prochaine fois que ça arrivera, j’irai dans mon espace de la colère. C’est juste là. » Leur montrer l’endroit. Leur dire ensuite qu’ils entendront peut-être du bruit, mais qu’après quelques minutes, nous serons moins énervés et mieux capables de réfléchir.

Faire quelques « simulations » avec eux. 

Imiter un petit moment de colère dans la cuisine, avec ses enfants juste à côté de soi, sous forme d’un scène un peu comique, et sans utiliser de mots sérieux. On peut dire quelque chose comme : « Dis donc, toi , petit chou de Bruxelles, la moutarde commence vraiment à me monter au nez ! Pourquoi es-tu si difficile à couper ? Tu es censé être plus mou. Je commence à être vraiment en colère contre toi, espèce de chou vert ! » Ensuite, on peut dire : « Bon, allez. Je crois qu’il est en temps de rejoindre mon espace et de me débarrasser de ces sentiments ». Rejoindre alors son espace de la colère d’un pas léger. Une fois arrivé, mimer avec humour et auto-dérision un moment de colère que nous aurions pu avoir. Puis dire : « Ahhhhh ! Je me sens beaucoup mieux  ! » et conclure en leur faisant un gros câlin.

Ne pas hésiter à répéter cette simulation de colère plusieurs fois.

Plus tard, le refaire dans la vraie vie autour de quelque chose qui nous énerve légèrement. Le but ? Que nos enfants et nous-mêmes puissions encore nous entraîner avant un moment de vraie colère. Leur demander s’ils préfèrent que nous laissions la porte ouverte ou fermée lorsque nous sommes dans notre espace de la colère. Essayer les deux options, et voir celle qui marche le mieux.

Voir des émotions de grands exploser devant eux peut être impressionnant et effrayant pour les enfants

C’est pourquoi cette solution n’est pas sans risque. Je sais, c’est compliqué, mais il faut veiller à ne pas commenter à voix haute les sentiments que nous éprouvons.  Les garder pour soi, aussi fort que cela puisse bouillonner en soi.

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Évitons-les : « Pourquoi ai-je eu des enfants ? » Ou encore :  « J’ai envie de te jeter par la fenêtre ! ». Ou  enfin « Je n’en peux plus ! Je ne peux plus faire ça ! Je veux partir ! » A la place, mieux vaut se mettre à grogner ou autre. Les enfants ont besoin d’être protégés de ce genre d’explosions émotionnelles.

On peut leur dire que nous avons juste besoin de faire du bruit et de pleurer fort pour nous sentir mieux par la suite. Lorsqu’ils comprendront, nos enfants nous dirons peut-être qu’il est temps pour nous d’aller dans notre espace de la colère. Ce sera sans doute exaspérant à entendre, mais croyez-moi, c’est sans doute la meilleure chose à faire.

 » Matérialiser un espace de la colère peut vraiment être efficace, parce que lorsque nous sommes en colère, nous ressentons des sentiments de menace qui sont très probablement enracinés dans notre petite enfance. Nous sommes poussés à l’envie de nous défendre avec tout le pouvoir que nous n’avions pas lorsque nous étions enfants. Lorsque nous disposons d’un endroit sûr pour utiliser notre puissance physique et faire du bruit, nous nous rappelons, au niveau cellulaire, que nous avons grandir, que nous ne sommes plus impuissants comme nous pouvions l’être enfant, et que plus rien ne nous menace vraiment. »

Patty Wipfler

4. Préparer une liste de contacts en qui nous avons confiance et qui pourront être appelés dans ces moments-là.

Lorsque la colère monte, mieux vaut avoir un adulte qui entend votre colère plutôt qu’un enfant.  A nous de dresser la liste des noms et numéros de téléphone des personnes de confiance ( et qui ne nous jugeront pas) à appeler dans ces cas-là. Si on a un partenaire d’écoute, son nom peut figure en bonne place sur notre liste – Et on peut y ajouter un dessin ou une photo pour les reconnaitre facilement – puis laisser son enfant s’entraîner à les appeler. Lorsque nous sommes sur le point d’exploser, lui donner le téléphone – s’il n’a pas déjà couru le chercher.

5. S’allonger par terre, et rester allongé.

Oui, c’est bien ça ! Ne pas aller sur le canapé ou le lit, s’allonger sur place. Nous n’avons pas les idées claires, alors n’essayons plus de prendre les choses en main. A la place,  la chose à faire, c’est s’allonger sur le sol de la cuisine ou sur tout autre endroit où on se trouve. Tout en laissant nos enfants continuer à faire les bêtises qu’ils font.  Cela n’est pas le moment de gérer cela. Alors n’essayons même pas. 

Parfois, s’allonger peut nous permettre de nous confronter aux émotions qui bouillonnent en nous et de pleurer. Ne pas hésiter à pleurer. Même fort. En général, si quelqu’un dans la famille pleure, les autres cesseront leur comportement débordant. Si nous nous mettons à pleurer, cela modifie l’attention et le comportement de nos enfants.  

Parfois, cependant, les choses peuvent se passer autrement.

 Voici comment une maman a mis en place cette technique avec ses enfants, un jour où elle était à bout :

 » Je suis particulièrement mauvaise dans la gestion des conflits entre mes enfants. Or ce jour-là, ils se disputaient pour savoir qui serait le premier à faire quelque chose. J’étais au milieu de cette dispute et je sentais la colère monter en moi. Je me suis alors retournée et me suis allongée par terre, renonçant à prendre les choses en main. Je pense que j’ai ressenti un tel soulagement que j’ai ri plus fort et que je en l’avais pas faire depuis très longtemps ! C’était ce genre de fou rire extraordinaire que l’on n’arrive pas à contrôler. Le genre qui vous ferait flotter au plafond si vous étiez dans une scène de Mary Poppins. Je ne pouvais pas m’arrêter de RIRE ! Et les enfants ont adoré ça ! Cela à clairement permis de voir les choses sous un nouveau jour et de désamorcer l’irritation que je sentais monter en moi. »

Une fois que nous sommes allongés au sol, nos enfants finiront par s’approcher de nous. 

Parce qu’ils sentent alors que nous ne sommes plus en position de contrôle, et qu’ils ressentent en eux un profond besoin de connexion avec nous, ils viendront s’asseoir sur notre ventre, nous apporter un ballon pour jouer avec nous. Ils prendront l’initiative de rétablir la connexion. Ils ne peuvent rien initier tant que nous sommes devant eux, menaçants et hors de nous. Il ne peuvent se risquer à venir vers nous que lorsque nous sommes à terre, et que nous réussissons à nous recentrer. Et une fois qu’ils sont autour de nous, c’est l’occasion de reprendre tous ensemble un nouveau départ. 
 

Voici donc mes cinq idées pour gérer ces moments compliqués, et donner à nos enfants les moyens d’agir au lieu de rester figés dans la peur. 

Prenons le temps de les simuler plusieurs fois à l’avance. Plus nous nous entrainons, plus nos enfants réussiront  à sortir du mode défensif dans les moments difficiles.

 Et en général, lorsque nous parvenons à retrouver le contrôle de nous-mêmes au milieu d’un incident de ce genre, nous évacuons du même coup les tensions à l’origine de notre colère. Cela nous épargne le poids de la culpabilité d’une scène qui était en train de dégénérer. Bon courage, chère maman ! »

Et maintenant ?

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