Grandir Main dans la Main

Aider les enfants à vaincre leurs peurs

Un article de Patty Wipfler / Traduit de l’anglais par Capucine Benoît

Une enfant prend peur lorsque des circonstances qu’elle ne peut pas contrôler, ou des circonstances qu’elle ne comprend pas, perturbent son fragile sentiment de sécurité. Le processus du développement, la naissance, et la petite enfance présentent de nombreux moments lors desquels le sentiment de sécurité d’une enfant est perturbé.

Et bien que nous nous considérions comme une société évoluée, beaucoup d’enfants sont confrontés à des situations profondément isolantes ou même menaçantes pour leur propre vie et cela très tôt dans leur enfance. La dureté, les menaces et la violence, communément rencontrées dans les films, les dessins animés ou les contes de fées peuvent également causer des dommages.

Pour libérer ses sentiments de peur, votre enfant va choisir un prétexte
Les situations qui ont permis à la peur de s’installer, ont donné la sensation à l’enfant d’être sans défense et impuissante. Pour libérer ses émotions de peurs, elle raccroche ses peurs à un prétexte qui paraît ordinaire et banal. De cette façon, elle peut faire apparaître les émotions dans un moment où il n’y a pas de menace réelle.

Au fur et a mesure que l’enfant grandit, ses peurs vont s’attacher à un prétexte ou à un autre, si elle n’est pas parvenue à obtenir l’aide dont elle avait besoin. Votre enfant est prête à relâcher des sentiments de peur lorsqu’elle se montre effrayée face à une situation inoffensive.

Par exemple, un tout-petit qui a été traité une fois aux urgences pour une brûlure au second degré peut se montré terrifié lorsque sa maman lui brosse les dents. Ou un enfant qui a passé une semaine dans une couveuse, nourrisson, peut s’effondrer, « trop faible » pour faire un pas de plus lors d’une courte randonnée familiale dans les bois.

La peur se libère grâce au rire
Le jeu qui aide les enfants à surmonter leurs peurs commence par le fait d’offrir à un enfant un Temps Particulier, pendant lequel l’adulte fait tout ce que l’enfant désire faire (Voir notre livret, Le Temps Particulier, un des livrets de la série A l’Ecoute des Enfants.) Vous êtes l’écoutant. Remarquez ce que votre enfant aime faire, et soutenez la avec proximité et approbation. Pendant ce temps, cherchez les occasions de jouer le rôle le moins puissant.

Si votre enfant fait semblant d’aller au travail, pleurez et priez-la de ne pas y aller. Si votre enfant veut jouer à cache-cache, essayez de l’attraper, mais échouez la plupart du temps. Si votre enfant demande à sauter sur le lit, demandez-lui de façon joueuse de sauter « doucement », avec assez d’étincelle dans le regard pour qu’elle comprenne que vous êtes prêt(e) à ce qu’elle vous surprenne et vous effraye par la  hauteur à laquelle elle peut sauter.

Les peurs de votre enfant se libéreront alors qu’elle rit, tandis que vous jouez ce rôle du moins puissant. Plus vous allez jouer et éveiller le rire de cette façon, plus votre enfant deviendra audacieuse. Mais évitez les chatouilles – ce n’est pas aidant.

La peur se libère grâce aux pleurs, aux tremblements et à la transpiration
Lorsque votre enfant est saisie par ses craintes, elle est prête à travailler sur ses sentiments de peurs les plus profonds. À ce moment là, il s’agit pour vous d’être aussi chaleureux(se), bienveillant(e) et confiant(e) que vous le pouvez. N’essayez pas de modifier une situation sûre. Votre enfant a besoin de ressentir ses peurs afin de les évacuer. Votre présence confiante fera toute la différence pour elle.

Approchez-la lentement de la situation effrayante, et gardez la proche de vous. Lorsqu’elle commence à pleurer, à se débattre, à trembler et à transpirer dans vos bras, vous êtes exactement au « bon endroit ». Elle va se sentir mal : vous êtes là pour l’aider pendant qu’elle déverse cette terreur. Vous pouvez lui dire, « Je suis là et je ne vais pas partir. Tout va bien. » ou, « Je vois à quel point c’est difficile, et je veille sur toi à chaque instant. Tu es en sécurité. »

Votre enfant va très probablement protester, en vous disant dans un langage puissant de vous en aller. Mais si vous partez ou si vous la réconfortez, elle ne peut pas évacuer ses peurs. Vous avez besoin d’avoir confiance en l’idée que travailler sur sa peur, en toute sécurité dans vos bras, va l’aider. »

Restez auprès d’une enfant terrifiée aussi longtemps que vous le pouvez. Plus vous vous montrez tendre et confiant(e), plus ses peurs vont se dissoudre rapidement. Les enfants peuvent généralement pleurer et lutter, trembler et transpirer, jusqu’à une heure de temps avant d’en avoir fini avec un morceau de peur. Si vous le pouvez, restez auprès de votre enfant jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle est en sécurité dans vos bras, et que tout va bien. Lorsqu’elle atteindra ce point, elle se détendra, peut-être qu’elle restera pleurer profondément avec vous, et peut-être qu’elle se mettra à rire et à se faire cajoler dans vos bras pendant un long moment. Son comportement va changer sensiblement après la profonde libération émotionnelle.

Aider nos enfants à libérer leurs peurs peut être un travail difficile. Il est étonnamment difficile de laisser les enfants rire longtemps, et d’écouter la profondeur de leurs peurs et de leurs chagrins. Vous trouverez cela plus aisé lorsque vous trouvez quelqu’un qui puisse vous écouter, pour avoir la chance vous aussi, de dire ce que vous pensez et de remarquer ce que vous ressentez tandis que vous travaillez dur pour aider votre enfant à vaincre sa peur.

Voici le témoignage d’une maman sur comment cela peut fonctionner
« J’ai des jumeaux qui ont vingt-deux mois. Mon fils a toujours aimé les bains, mais un soir, tandis que lui et sa sœur en prenaient un ensemble, il a tiré le robinet de douche et ils ont reçu de l’eau sur le visage. Après cela, il s’est mis à refuser de prendre son bain. J’ai décidé qu’il avait besoin que je Reste-écouter.

Alors que je les amenais dans la salle de bain et que je mettais sa sœur dans le bain, je lui disais que j’allais l’y mettre lui aussi. Il s’est mis à pleurer et pleurer. Les deux premières fois que je l’ai écouté, il a dit « douche » et il a regardé vers le haut. Je l’ai rassuré en lui disant que c’était terminé avec la douche, mais je l’ai laissé aussi pleurer et en parler.

La nuit dernière, c’était la troisième fois qu’il pleurait. Il a commencé à pleurer en disant « Non » tout en se cramponnant a moi. J’avais rempli le bain avec un peu d’eau. Après environ cinq minutes, il a vu les animaux du bain sur le côté de la baignoire. Il m’a demandé de mettre le canard, puis le crabe, puis la tortue. Il a ensuite regardé dans la baignoire où je les avais mis et a dit « Nager » avec un grand sourire sur son visage.

J’ai confirmé qu’ils étaient en train de nager, puis il a levé les yeux vers moi et a dit : « Dedans ». Et c’était fini ! Merci, merci, merci. J’adore avoir des outils que je peux utiliser dans n’importe quelle situation. »

Une maman de Californie, aux Etats-Unis